Premiers pas à deux dans une vie nouvelle.

Juan descendit le premier du navire. Il remercia le capitaine espagnol qui avait été si généreux à leur égard, et embrassa sur les deux joues sa petit fille qui, espiègle, avait poursuivit Julian de ses assiduités pendant tout le voyage. Il leur adressa un dernier signe de la main tandis que la foule les engloutissait, lui et son frère.

Juan attacha ses longs cheveux bruns en queue de cheval, à l'aide d'un ruban passé de jeunesse. Il grimaça en sentant ses cheveux sales et gras, il avait besoin d'un bain. Le voyage en mer avait été long, et on gardait l'eau claire pour boire et non pas se laver. L'hygiène était malheureusement secondaire, à bord des navires - quoiqu'il valait mieux vivre salement que mourir proprement. Tout un paradoxe...

"Et bien, nous y voilà petit frère."

Julian se tenait juste à côté de lui, dans cette attitude qui lui était propre, à savoir un mélange d'assurance téméraire et d'innocence troublée. Les frères étaient si dissemblables en cette époque, seuls les contours de leurs visages et leurs yeux identiques les reliaient par le sang, au yeux extérieurs.

Si Juan décourageait les coupes-bourses et les tire-laines d'un seul regard appuyé, Julian n'avait pas cet avantage. il était encore frêle et petit de sa jeunesse, les premiers traits de l'adolescence apparaissaient à peine sur son corps et son visage. La barbe n'avait pas encore fait son apparition. D'ailleurs, Juan aurait bien visité un barbier avant de retrouver le capitaine O'Brien (avec qui ils avaient rendez-vous ici même), sa barbe de voyage lui mangeait les joues, il détestait cela. Elle n'avait que deux jours, mais le liseré rugueux qui ornait ses joues l'énervait déjà.

"Je me demande où est O'Brien..."

Julian avait suivi son frère le long du quai, en silence. Triturant les manches déchirées de sa chemise, il avançait d'un pas inégal et titubant, les yeux fous, courant sans cesse de l'horizon à l'enchevêtrement des mâts et des vergues alignés le long de la jetée. Quelles couleurs, quelle beauté que tout cela ! Il aurait donné beaucoup pourqu'on lui laisse seulement une demi-heure, afin qu'il croque rapidement ce paysage insolite : Une forêt de bois et de toile à travers laquelle on apercevait une vaste plaine d'eau et de lumière...

"Pas loin, sans doute. N'a-t-il pas ses quartiers tout près d'ici ?"

Julian avait fini par rejoindre son frère, et tout en affectant d'ajuster son pourpoint de fortune, le guignait du coin de l'oeil. Il avait un peu maigri, et sa mise négligée le faisait paraître plus vieux qu'il n'était réellement. Le jeune garçon sourit : il avait toujours trouvé son frère très beau, avec ou sans crasse.

"Tu es officier maintenant... Dit-il dans un français rendu chantant par son fort accent espagnol, tu as le droit de porter des plumes au chapeau, mais tu ne pourras plus jurer en public."

Julian souriait à sa façon, c'est à dire un coin de la bouche relevé, et les yeux plissés. Il n'aimait pas sourire entièrement, parce qu'il trouvait cela hypocrite : mis à part quand il était tout enfant et que Juan le câlinait, il n'avait jamais eu de raison de sourire vraiment. Il était trop adulte pour un enfant, et trop enfant pour un adulte : il comprenait les enjeux de la vie, mais pas encore ceux du bonheur.

[Bon je viens en attendant que le capitaine rapplique]

Nerea avait profité que la capitaine soit partit à terre pour faire de même. Elle avait des affaires à régler, dont entre autre une lettre à envoyer à Madame la mère. C'était une des conditions pour que Nerea embarque et sincèrement écrire une lettre de temps en temps ce n'était pas grand chose pour pouvoir être à bord du navire et surtout pas en tant que simple voyageuse. Ses lettres étaient surtout bourrées d'anecdotes fort peu importante, mais racontées avec une foule de détails qui rendaient le récit suffisamment intéressant et important pour que cela plaise à sa lectrice et qu'elle ne se plaigne pas du rythme guère soutenu avec lequel elle les recevaient ces missives.

Ce détails réglé elle se chargea d'aller acheter le nécessaire dont elle avait besoin pour soigner tout ces marins. C'était qu'avec la dernière bataille, elle avait usé presque tout son stock, et abîmés plusieurs de ses instruments. Elle passa donc faire les boutiques accompagné d'un des derniers mousses qui restait en vie pour porter le tout. Elle était une dame tout de même et puis elle n'avait pas envie de tout se trimballer. Alors autant que le jeune matelot se rende utile. Ses achats fait avec l'argent qu'elle avait réussit à soutirer à l'amirauté. Elle rechignait quand même à payer toutes ces fournitures de bases qui au fond ne lui servirait même pas vraiment à étudier mais surtout à soigner. Autant cela ne la dérangeait pas de les payer de sa poche certains instruments spécialisé juste pour elle, autant tout ce qui était bas de gamme, c'était à l'amirauté de lui fournir.

Cela fait elle continua son shopping direction les librairies. Se procurer des livres scientifiques n'était pas si simple que ça, surtout sur une île si loin des grands royaumes, mais qu'importe, elle avait réussit à dénicher une échoppe convenable. Elle récupéra donc son ancienne commande et en fit une nouvelle. Le pauvre mousse était chargé comme une mule mais cela n'était pas le problème de Nerea tant qu'il ne faisait rien tomber. Elle le laissa donc rejoindre le bateau et poursuivit sa marche dans la ville. Elle marchait un peu au hasard, ne sachant pas trop quoi faire maintenant mais ne voulant pas rentrer de suite sur le bateau, pour la simple et bonne raison que si l'espagnole ne subissait pas les effets du mal de mer, elle n'avait pour autant pas le pied marin loin de là. Elle ne tenait pas sur ses quilles sur un navire mais malheur à quiconque le lui ferait remarqué, elle était du genre susceptible.

Puis elle se rappela que son très cher capitaine avait rendez vous avec deux nouvelles recrues. Et si elle allait l'embêter et voir cette chaire fraîche ? L'idée lui plut et elle se dirigea donc vers le port d'un bon pas. C'était qu'elle était plutôt du genre grande et elle avalait rapidement les mètres. Arrivant à l'endroit du rendez vous, elle aperçut deux jeunes gens qui semblaient correspondre à la description qu'en avait eu le capitaine. Aussi s'approcha elle d'un pas résolut d'eux.

"Excusez moi, vous attendez quelqu'un ?"

Juan allait proposer à Julian une migration à l'ombre d'un bâtiment tant la chaleur était accablante lorsqu'une femme à l'allure remarquable les interpella. Elle s'était dirigée droit vers eux, d'un pas résolu, l'air sûr d'elle. Le capitaine O'Brien était une femme ? Juan n'en avait pas eu cette description. Ou alors c'était simplement l'un de ses sous-officiers.

"Oui... vous êtes de la Compagnie des Indes ?" jugea bon de demander Juan avant de dévoiler quoique ce soit concernant son identité et celle de l'homme qu'il recherchait. Suspicieux par nature, il préférait prévenir les trahisons que les guérir.

Il employait le fameux proverbe pour la protection de son frère, également, ne tenant pas à ce que Julian souffre d'une quelconque manière...

Juliàn avait regardé en silence, mais sans hostilité deux nouveaux venus s'approcher successivement. C'était d'abord une femme, grande et sensuelle, qui parlait comme un scalpel : rapidement, et précisément. L'autre était un jeune homme, sans doute d'âge avec Juan, au regard et à la voix plus douce.
Juliàn leur avait fait un léger signe de tête à tous deux lorsqu'ils avaient croisé son regard, mais il laissait de bon coeur la parole à Juan. Visiblement tous quatre avaient pour point commun la Compagnie des Indes, et surtout le navire du capitaine O'Brien. Ne leur avait-on pas dit qu'ils étaient les deux dernières recrues ? A moins que ceux là ne soient déjà membres de l'équipage du Crimson Orchis ?
Juliàn se demanda soudain s'il aurait vraiment sa place sur ce bateau là. Après tout, il n'avait jamais éxercé que le métier de mousse, et s'il savait se battre et prendre des initiatives en rapport au navire, il ne se pensait pas qualifié pour un poste précis... Et surtout, il comptait à peine 14 ans, nombre d'années ingrat où les enfants commençaient à devenir vieux. Il se sentait trop fort pour rester mousse, et trop faible pour tenter sa chance ailleurs...

"Nous le cherchons également..." Répondit Juliàn à la question du jeune homme, dans son français tout spécial, mêlé d'espagnol et de portugais.

La simple réponse fut suivit d'une question pour le moins assez stupide. Déjà qu'est ce qu'il pensait trouver ici ? Des pirates ? Ils ne devaient pas être nombreux les fous qui s'aventuraient par ici d'eux même. A la limite des corsaires, mais quand bien même, les corsaires travaillaient pour la Compagnie des Indes Orientales. Sur le port il était quand même entouré nous allons dire à 95 pour cent d'hommes travaillant directement ou indirectement pour la CIO. Et quand bien même elle était effectivement de la Compagnie des Indes Orientales, rien ne garantissait qu'elle travaillait pour celui qu'ils cherchaient. Des hommes de la compagnie, il y en avait un bon paquet et il était dur de savoir où ils se trouvaient tous.

Elle n'eut pas le temps de lancer une réplique bien placée à l'homme comme réponse qu'une personne se joignait à eux, cherchant le capitaine. Et bien, quelque soit sa technique pour attirer du monde, elle était efficace ou c'était un sacré hasard. Elle porta donc un regard à ce nouveau arrivant. Il ne ressemblait pas à un grand bagarreur mais Nerea était bien placée pour savoir que les apparences pouvaient être trompeuse. Et puis quand bien même, ce n'était pas à elle d'accepter ou non l'offre. Elle était juste là pour les étudier de près ces petits nouveaux, pas pour juger leurs capacités.

"Je suis Nerea de la Cerda, médecin sur le Crimson Orchis."

Puisque le petit avait confirmé pour le grand ce que la jeune femme avait soupçonné, autant mettre tout au clair et faire les présentations. En théorie le capitaine devrait les rejoindre ici, mais s'il se faisait trop attendre peut être les amènerait elle directement au dit bateau. Elle n'était pas forcément du genre patiente.

"Je suppose que vous êtes tous là pour vous engager."

Si pour les deux jeunes homme, elle connaissait déjà la réponse, elle pouvait toujours émettre un doute pour le dernier même si c'était plus un doute philosophique qu'autre chose. Mais après tout certains pouvaient juste vouloir parler affaire avec le capitaine et pas forcément s'engager. Enfin cela avait plus une affirmation qu'une interrogation.

Ah mais certes, elle était charmante et même plus que charmante ! loin de Yorick l'idée de le nier et c'est même la première chose qu'il avait pensé en la voyant monter à son bord ... jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ne s'en débarrasserait pas aussi facilement que des autres . Par la suite son esprit particulier lui avait vaguement plu, mais en même temps que ce soit parce qu'elle était envoyée par sa mère, parce qu'elle s'adonnait à certains penchants hallucinogènes, ou parce que comme elle disait, ses scalpels le trouvaient intéressant, jamais il ne s'était senti suffisamment en sécurité pour trouver encore ''charmante'' Nerea de la Cerda . Une sorte de sixième sens l'avertissait lorsqu'elle se trouvait dans le secteur ( rien à voir avec l'odeur de rhum et de tabac qui signalait la présence de son ''charmant'' second ) et ce fut justement le cas tandis qu'ils arrivaient enfin sur le port, et qu'il allait enfin pouvoir lui dire ce qu'il avait à lui dire avant de l'oublier tout à fait .

Immédiatement son attention se porta ( au milieu d'une phrase qui du coup demeura en suspens ) sur la silhouette immanquable, immobile au milieu d'un rideau de foule, et qui lui tournant le dos exposait les reflets scarabéens de ses longs cheveux comme un avertissement du style ''toréador prends garde'. Yorick prit garde et s'arrêta sur place, retenant par le bras Soren Braun qui continuait sur sa lancée . Enfin, pas comme si son second avait coutume de le défendre efficacement des tendances marquées de son médecin de bord à venir regarder d'un peu trop près l'intérieur du capitaine ...

Et c'est là qu'il entendit une voix douce prononcer son nom .

Après être resté un instant à cligner des yeux en essayant d'en déterminer l'origine, il se décida à s'avancer bravement avant que ce cher Braun ne le jette dans la mêlée avec le tact et la compréhension qui le caractérise ; de toute façon, sur le moment, il se sentait presque assez curieux pour affronter l'intérêt si flatteur de miss De la Cerda . Il y avait là trois personnes, dont probablement les deux inconnus avec qui il avait rendez-vous afin de leur attribuer leur grade ; mais la seule chose qui l'intéressait était de déterminer le propriétaire de la voix, aussi il se tint à l'écart, laissant passer encore quelques répliques afin d'éclaircir ce point épineux .

Soren s'arrêta un moment dans sa lancée en sentant la main de O'brien sur son bras, il avait vu Nerea de loin et il espérait qu'elle aurait une de ses étuis sur elle. Il comprenait qu'on puisse ne pas aimer les médecin mais O'brien semblait en avoir carrément peur pourtant on ne peut pas dire que la jeune femme se montre très inquiétante avec lui en tout cas, elle se montrait plutôt accueillante. D'ailleurs s'il n'y avait eu ce rendez vous avec la jeune fille qui servait de second à Khenti, il serait resté avec plaisir pour tenir compagnie au médecin ou plutôt il l'aurait invité dans sa cabine.

Le second jeta un coup d'œil sur ceux qui l'accompagnait, il n'en connaissait aucun mais il ne doutait pas qu'ils étaient là pour se faire engager, son capitaine donnait rarement rendez vous aux marins pour une autre raison. Et vu son goût pour la terre ferme, le rendez vous était certainement prévu sur le Crimson Orchis, Soren espérait que O'brien lui avait demandé de venir pour cette seule raison et qu'il serait libéré assez rapidement pour passer à une occupation plus distrayante.

" On va rester là à les regarder encore combien de temps?"

Il avait envie d'une cigarette et d'un bon verre de rhum, non pas que la compagnie du capitaine l'ennuyait mais, en fait si c'était ça il était un peu trop enfermé dans ses principes et par conséquent le second sentait son envie irrépressible du vice faire surface à la manière d'un raz de marrée dévorant. Il poussa un soupir en observant ses futurs subordonnés, le grand brun avait l'air plutôt pas mal mais peut être devrait il s'abstenir d'avoir des vus sur un autre membre de l'équipage. Soren eut un haussement d'épaule imperceptible à cette pensée et se dit qu'il verrait bien le moment venu.

Juan regarda le nouveau venu, et se demanda un instant si lui aussi était de la Compagnie, lorsqu'il apparut qu'il se trouvait en fait dans la même situation qu'eux. Il hocha la tête, comme pour confirmer la réponse de Julian, et se tourna de nouveau vers la grande brune. Elle le toisait d'un peu trop haut à son goût, mais n'en laissa rien paraître, peu soucieux de déclencher une querelle ou d'envenimer leurs premiers rapports avec la CIO, à lui et à son frère.

"Enchanté, répondit-il en saluant légèrement de la tête, je suis le lieutenant Carax, et voici mon jeune frère, Juliàn. Nous attendons en effet le capitaine du Crimson Orchis, à bord duquel nous souhaitons embarquer."

Juan regarda brièvement Juliàn. C'était son habitude, de toujours garder un oeil sur lui, mélange de bienveillance et d'orgueil, le rendant à la fois fraternel et maternel. Quelle mère ne veillerait ainsi sur son enfant, quel frère ne regarderait fièrement son cadet se tenir droit ?

Un jeune homme lui répondit dans un assemblage de langue qui le fit sourire,si il devait travailler avec lui il était sur de ce marrer et puis il était plutot jolie garçon celui la,mais bon on attaquait personne sans savoir si il preferait les hommes ou les femmes,il savait deja qu'il pouvait avoir des chances avec le Capitaine alors c'était pas mal deja.Enfin il ne l'avait pas encore vu et il ne pouvait pas du tout juger.Il regarda alors Juliàn.

"Bien...Alors mademoiselle..."

Il écouta Nerea parler et se présenter,elle travaillait donc sur le fameux beateau qu'il recherchait et souria,c'était bien au moins il n'allait pas encore chercher trop lontemps pour trouver de l'aide.A sa question il hocha la tete possitivement.Bien sur qu'il voulait s'engager sur ce beateau mais par contre il n'avait pas prit de rendez vous avec le Capitaine.

"Oui je souhaiterais m'engager sur le bateau mais je n'ai par contre pas de rendez vous avec le Capitaine O'Brien...J'ai su qu'il cherchait un cuisiner et je viens donc postuler pour ce poste..."

Il regarda a nouveau la demoiselle et apperçut alors plus loin deux jeunes hommes donc un grand blond qui était fort séduisant,c'était lui le Capitaine?Si c'était le cas il ferait tout pour le séduire,il était a craquer!Il l'observait bien de long en large,c'était du bel homme de chez bel homme.Et l'autre brun a coté n'était pas mal non plus,mais qui était t'il?Il attendait qu'il se présente pour savoir enfin.

Juliàn s'était contenté de hocher la tête, confirmant les dires de son frère et saluant Nerea du même coup. Lui qui avait imagine une longue station sous le soleil du port, avec Juan pour seule compagnie, attendant des heures et des heures durant de trouver quelqu'un pour leur montrer le chemin... Au moins urait-il eu le temps de rêver ! Mais apparemment, les choses avaient décidé de s'accélérer un peu.

"Trois recrues, dont un officier, un cuisinier et un mousse à tout faire, pour le señor O'Brien qui n'attendait qui n'attendait peut être point tout ce monde, cela risque d'être amusant..." Murmura Juliàn, plus pour lui même que pour ses compagnons.

Compagnons qu'il n'avait même pas pris le temps de détailler, d'ailleurs. Leurs couleurs lui suffisaient : doña de la Cerda respirait le blanc, c'est à dire le singulier et l'intouchable, tandis que l'autre jeune homme semblait le calme et la simplicité même ( couleurs chaudes ! ), avec une pointe de bleu qui laissait deviner d'autres choses, plus secrètes...
Juliàn tourna la tête en même temps que les trois autres, et s'aperçut qu'ils n'étaient pas seuls.

Si le Capitaine O'Brien savait détecter son médecin aussi facilement il n'en n'était pas de même pour la jeune femme mais après tout c'était tant mieux pour le Capitaine. Quand à Nerea, si elle ne pouvait nier qu'elle aimait étudier de près son cher Capitaine, il n'était pas sa seule proie. C'eût été dommage. Comme si l'humanité pouvait se réduire à un seul être. Et puis comme s'il n'y avait que l'humanité d'intéressant.

"Le Capitaine ne devrait pas tarder. Quand au rendez vous ce n'est pas important. Nous recherchons effectivement des nouveaux membres pour compléter notre équipage."

Notre... Nerea ne considérait pas le bateau comme sien, mais l'utilité de nouvelles recrues lui sautait aux yeux. Et surtout cela faisait de nouvelles personnes à étudier. Quand aux rendez vous. Notre espagnole n'avait jamais été très portée sur la politesse du moins quand c'était elle qui devait en faire preuve. Elle était beaucoup plus du genre à s'imposer que sa présence soit ou non désirée. Mais comme l'éducation marque beaucoup plus que ce que l'on pourrait s'imaginer, la jeune femme n'avait pas que le caractère de la noblesse dont elle était issue, mais aussi l'éducation qu'elle suivait mal gré tout, et pas forcément consciemment.

Sentant l'attention s'évaporer et surtout se reporter sur une autre personne qu'elle même, Nerea suivit le regard du dernier venu et aperçut avec plaisir ce très cher Yorick et son second.

"Tiens quand on parle du loup."

Et sans plus d'explication elle franchit les quelques pas qui la séparait des deux hommes, leur souriant.

"Vous voilà Capitaine. Je me suis permise de tenir compagnies à ces recrues en attendant que vous arriviez. Mais puisque vous êtes là, je vous laisse prendre le relais."

Notre médecin n'attendait ni d'approbation, ni autres commentaires, c'était plus une simple affirmation. Elle se permettait beaucoup de chose mais au fond n'avait jamais vraiment dépassé les limites. Elle savait que trouver une place sur un bateau n'était pas si facile que ça et ne tenait pas outre mesure à laisser le Capitaine justifier son départ auprès de sa mère, la "bienfaitrice" de Nerea.

Les mots parvenus jusqu'à eux donnaient à Yorick un aperçu des talents en présence ; il faisait courir ses yeux sur les hommes rassemblés autour de Nerea pour essayer de deviner qui était qui, et surprit deux coups d'oeil dans sa direction . Brillantes physionomies . D'un demi-sourire assorti d'un bref signe de tête il les salua avant de s'avancer .

''A votre service très chère, comme de coutume ; je prends le relais, en vous remerciant .''

Et en espérant qu'elle vaque à ses occupations, surtout ! S'il avait réellement été à son service autant que l'exigeait de ses assertions la courtoisie la plus élémentaire, certainement une grande partie de ses organes vitaux se serait-elle promenée entre deux eaux dans les bocaux de formol de cette sorcière en cheveux de sirène !

Il fit de son mieux pour l'ignorer, à peu près comme il aurait tenté d'ignorer l'ombre pâle d'un requin rôdant autour de sa petite barque, c'est à dire sans réel succès ... et s'adressa au charmant public avec d'autant plus d'empressement .

''Tous les postes cités m'intéressent, et quant à négocier votre engagement, nous avons tant besoin de monde messieurs que c'est pour ainsi dire chose faite . Je vais tout simplement vous inviter à bord, vous présenter tour à tour les lieux où vous officierez, et vous prier de m'expliquer un peu vos talents spécifiques concernant chacun .''

Ah oui, et ensuite il faudrait qu'il avertisse Braun ...

''Monsieur Braun qui va nous accompagner est mon second, c'est à lui qu'il conviendra de s'adresser en mon absence," expliqua-t-il en se rendant à bord suivi des autres, tel un guide de cathédrale . Et de toute façon ce serait lui qui les dirigerait en réalité, mais peut-être n'était-ce pas la peine de s'attarder sur ce sujet ... ils s'en rendraient bien compte plus tard, et au moins ils auraient signé !

Soren alla directement vers Nerea sans plus faire attention aux autres personnes qui se trouvait là, Il la prit par les hanches et se colla à elle. Ses lèvres allèrent déposer un baiser dans le cou de la jeune femme avant de murmurer pour elle seule ce qui le démangeait depuis un moment.

" Bonsoir ! Dis-moi que tu as des cigarettes pour moi sur toi ! "

Bien évidemment il n’oubliait pas d’avoir les mains baladeuses, et des hanches l’une d’elle alla jusqu’à ses fesses tandis que l’autre prenait le chemin de sa poitrine quand il entendit son nom prononcé par O’Brien. Il se retourna sans lâcher Nerea et leva la main pour saluer les futurs membres d’équipage, ce que le capitaine oubliait de préciser c’est que même quand il était là c’était au second qu’il fallait s’adresser puisque O’Brien était presque toujours là finalement. Si ce n’était pas la CIO, il ne descendrait jamais à terre contrairement à lui.

Le second oublia vite ce qui se passait autours de lui et se concentra à nouveau sur Nerea, ses mains se faisaient plus taquine encore, profitant du prétexte des cigarettes pour faire glisser ses doigts le long de son corps. Décidemment il valait mieux que cette entrevue avec O’Brien ne s’éternise pas pendant des heures, Mary Swan ne suffirait certainement pas à le rassasier et Nerea représentait un excellent apéritif.

"Tu m’attendras dans ma cabine ce soir ? "

Il lui chuchotait toujours à l’oreille, redéposant un baiser juste après cela un baiser sur le lobe avant de le mordiller légèrement pour ensuite redescendre dans son cou. S’il ne s’était s’agit que de lui, Soren lui aurait certainement fait l’amour sur le quai sans faire attention à ceux qui était là mais Nerea ne se laissait pas faire comme ça.

Juan observait le second d'un oeil mauvais : il avait l'air d'être un pervers doublé d'un névrosé de la cigarette. Si jamais il s'approchait de son jeune frère pour le troubler ou le pervertir, il aurait affaire à la pointe de son épée !

"Capitaine O'Brien."

Juan le salua d'un signe de tête sec et mesuré mais avec toute l'élégance dont il faisait naturellement montre dans chacun de ses gestes.

"Je me présente : lieutenant Juan Carax. Enchanté."

Ce disant, il porta la main à la garde de son épée et caressa le rubis d'un air absent. Il avait hâte de prendre un bain et de paraître plus présentable. Après la visite du navire, Julian et lui-même iraient se baigner aux bains communs et gratuits. C'était toujours ça...